22 janv. 2014

Logement : ce sera pour une prochaine vie

Cette semaine, j'ai regardé le documentaire de Amandine Chambelland et Linda Bendali intitulé "Le scandale du logement", diffusé sur France 2. Très bien structuré, il met en lumière les raisons complexes et intrinsèquement liées de la situation du logement en France.

J'ai particulièrement été interpellée par le passage concernant la vente à la découpe, ou comment BNP Paribas achète des résidences locatives entières à Paris et région parisienne, pour revendre chaque logement à des prix au m² bien plus élevés. Les locataires sont prioritaires sur l'achat de leur logement, mais aux prix affichés par BNP, beaucoup ne peuvent tout simplement pas se le permettre et se retrouvent à devoir quitter leur logement.
Un locataire qui avait à peu près mon âge expliquait que pour pouvoir acheter son logement dans la limite des 33% d'endettement maximale, il devrait prendre un prêt sur plus de 40 ans.

Evidemment, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle entre les explications données dans ce documentaire et ma situation personnelle, et donc à relever que non seulement la situation du logement est véritablement scandaleuse, mais qu'en plus, les banques ne jouent plus leur rôle d'investisseur.

SITUATION ACTUELLE
Je suis en CDI à plein temps, avec un salaire de 1900 € nets/mois (x 12). Je vis avec mon fils en résidence alternée. Je n'ai aucun autre revenu ni aucune aide : ni CAF, ni pension alimentaire, ni revenu locatif, ni aide familiale. Je n'ai quasiment pas d'épargne (environ 2500 Euros sur un compte bloqué d'Epargne Entreprise) et j'ai un livret A qui doit avoisiner les 150 Euros. D'ailleurs, ma situation et mon salaire actuels ne me permettent pas d'épargner. Et lorsque je réussis à le faire, ça ne me sert pas à constituer un apport, mais à payer une réparation de voiture, couvrir une période de chômage ou régler une facture inattendue.

J'habite en grande banlieue parisienne, dans une petite ville plutôt bourgeoise.
Mon logement est un grand F2 dont le loyer va atteindre 800 €/mois dans les prochaines semaines (charges comprises). Mon loyer a augmenté tous les ans depuis la signature du bail. Mon taux d'endettement est de 42%, soit bien au-delà de 33%.

Depuis 7 ans que je dors dans le salon, mon fils devenant grand, il ne me semble pas tout à fait déconnant d'avoir envie de plus d'intimité, et de vouloir ma propre chambre. Mon souhait est de pouvoir rester dans ma ville, pour que mon fils continue d'y évoluer, de voir ses amis-es, de faire ses activités et d'y être scolarisé.

Et puis je pense à plus tard, quand je serai plus âgée, que mon fils sera grand ou parti, que les politiques mises en place et la crise financière ne me permettent pas d'avoir grand espoir quant au montant de la retraite que je toucherai. Je pense donc de plus en plus à me constituer une retraite privée.

PLAN A : LA LOCATION
Rester locataire est la situation qui semble la plus accessible dans mon cas. Sauf que pour un F3 dans ma ville, il faut compter au minimum 900 €/mois. Je n'ai évidemment pas la capacité de payer un tel loyer qui reviendrait à plus de 47% d'endettement.

PLAN B : L'ACHAT
L'achat semble être une solution plus qu'intéressante puisqu'en superposant les dépenses, le coût est approximativement le même qu'à la location, avec le gros plus d'avoir un bien à soi à la fin du prêt. Seulement, pour un F3 dans ma ville, il faut compter au minimum 160000 €.
Grâce à un rapide calcul fait sur les sites spécialisés, en prenant un prêt – hors frais de notaire - sur 30 ans à un taux de 4,3%, mes mensualités atteindraient 840 €. Mon taux d'endettement serait là de 44%.
Inutile de demander un prêt puisque ma demande ne sera même pas étudiée.

PLAN C : L'INVESTISSEMENT LOCATIF
Sachant que je n'ai pas les moyens de changer de logement à la location ou à la vente, que je dois donc rester dans mon logement actuel, j'ai pensé à l'investissement locatif.
Evidemment, il ne s'agirait pas de faire n'importe quoi, mais d'acheter un bien qui s'autofinancerait. Le montant du loyer couvrirait le montant de l'emprunt. Sans gagner d'argent pendant 20 ou 30 ans, au moins, à la fin, le bien m'appartiendrait.

J'ai donc contacté des courtiers en prêts immobiliers. La réponse est sans appel :
"Aucune banque ne vous prêtera d'argent."
"Pourquoi ?"
"Vous n'êtes pas propriétaire de votre logement actuel et vous n'avez quasiment pas d'apport. De plus, vous êtes déjà à plus de 33% de taux d'endettement, ça ne passera pas."
"Oui mais les loyers couvriraient le prêt. Et puis les risques seraient minimes puisque je prendrais une garantie loyers impayés."
"C'est un gadget qui n'est pas pris au sérieux par les banques".

LA DESILLUSION
Je suis en colère ! Non seulement l'organisation socio-économique actuelle ne me permet pas de changer de logement – pour rester dans quelque chose de raisonnable – mais en plus, elle me fait penser à des choses auxquelles je ne devrais même pas avoir à penser : me constituer ma propre retraite.

Je travaille depuis ma majorité. En dehors de quelques périodes d'inactivité, je cotise pour la retraite depuis 17 ans. Les différents choix politiques et économiques faits ces 30 dernières années ne me permettent même pas de travailler sereinement et de me dire que le jour où je serai trop âgée pour travailler, ou tout simplement parce qu'il sera temps pour moi de laisser la place aux jeunes, je n'aurai même pas de quoi en profiter, et je serai bien évidemment trop âgée pour obtenir un prêt.

D'un côté des pouvoirs politiques qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour permettre aux gens de vivre décemment, et de l'autre des banques qui ne font plus que du travail de spéculation.


Comment croire encore en cette classe politique aussi lâche que complice ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire